
« Ce que j'aime, c'est le burlesque qui dénonce un système. C'est le cas de mes premiers films, nourris de satire sociale. Mon personnage est fouteur de pagaille partout où il met les pieds, dans la publicité, à la télé-vision, chez les marchands d'armes. » Ces mots sont ceux d'une grande figure de la comédie à la française, d'un prince du burlesque, à (imaginaire poétique et fertile. De ses défauts (la maladresse, la distraction, la timidité, l'inadaptation à la société), il a fait des qualités, mieux, il a fait un personnage. Il s'appelle Pierre Richard. Partenaire de Victor Lanoux au cabaret, il injecte un relief inattendu à son petit rôle dans Alexandre le bienheureux dYves Robert, son père de cinéma. Ce dernier produit son premier long-métrage, Le Distrait en 1970 : un personnage comique original est né. Outre ses propres films comme cinéaste (Les Malheurs d'Alfred, Je sais rien mais je dirai tout Je suis timide mais je me soigne), Pierre Richard explose dans Le Grand blond avec une chaussure noire dYves Robert, écrit par Francis Veber qui va devenir son auteur d'élection, notamment en passant à la mise en scène avec Le Jouet, en 1976. Outre les films de Claude Zidi, Georges Lautner ou Gérard Oury, Pierre fait des pas de côté avec des projets plus difficiles et auteuristes, réalisés par Jacques Rozier ou Marco Pico. Les années quatre-vingt seront celles de son binôme magique avec Gérard Depardieu, le temps d'un triptyque iconique signé Francis Veber (La Chèvre/Les Compères/ Les Fugitifs), qui triomphe en France et à l'étranger, particulièrement en Russie. « Dans la comédie, analyse-t-il, face à un élément perturbateur, il faut un mur. Depardieu a été mon mur idéal, dans la foulée de Bernard Blier, Michel Bouquet ou Jean-Pierre Marielle. »
La fuite des années n'altère pas sa popularité : aujourd'hui, le grand blond est devenu grand blanc, mais les enfants du XXIème siècle continuent à voir au présent Le Jouet ou La Chèvre. Multipliant les collaborations avec des cinéastes du nouveau monde (Christophe Barratier, Pierre-François Martin-Laval, Abel et Gordon), Pierre enquille en 2018 le succès des Vieux fourneaux (en trio avec Eddy Mitchell et Roland Giraud) et de La Ch'tite famille, où il incarne le père de Dany Boon. Les planches lui offrent trois spectacles autobiographiques mis en scène par Christophe Duthuron, et bientôt un projet original avec Mathilda May.
Stéphane Lerouge