Ludovic Bource

Le soir du 26 février 2012, à Los Angeles, Ludovic Bource rejoint le quintet des compositeurs français oscarisés, amicale très fermée constituée de Michel Legrand, Maurice Jarre, Francis Lai, Georges Delerue et Gabriel Yared. Il aura fallu une soirée pour que la planète cinéma découvre ce jeune Français surdoué, désormais auréolé d’une reconnaissance internationale, sacré et consacré pour un film hors-format, The Artist, sur lequel la musique, sa musique, détient le monopole de la bande sonore.

Né à Pontivy (Morbihan), Ludovic Bource fait d’abord l’apprentissage de l’accordéon avant de s’orienter vers le piano et d’intégrer à dix-huit ans le CIM, fameuse école de jazz et de musiques actuelles. En 1996, il fait la connaissance de Michel Hazanavicius sur des publicités et, logiquement, l’accompagne sur son passage au long-métrage avec Mes amis et, surtout, les deux premiers OSS 117. D’emblée, le binôme impose un ton insolite mêlant le second degré, la dérision, le décalage. Le diptyque OSS 117 permet à Ludovic Bource d’assumer une gageure : détourner, jouer et déjouer les codes musicaux (ceux notamment mis en place par le vénérable John Barry), tout en écrivant une partition à la première personne. Le film suivant, The Artist, sera un pari d’une ambition encore supérieure : jeter un regard musical contemporain sur le cinéma hollywoodien des années vingt à quarante, incluant la charnière entre le muet et le parlant. « Plus d’un an avant d’écrire la première note, raconte Bource, je me suis immergé dans les flamboyantes partitions de Steiner, Waxman, Herrmann. Puis j’ai tout oublié pendant deux mois, le temps de laisser l’inconscient travailler, de digérer ces références. » Les thèmes principaux celui de George Valentin ou encore Comme une rosée de larmes, au lyrisme triste, seront diffusés sur le plateau, pendant le tournage, et conditionneront certains éléments de la mise en scène, et bien évidemment le jeu des comédiens. Lorsque l’Oscar sanctionne ce travail de composition inouï (1 h 40 de musique pour 1 h 40 de film), c’est la première fois que l’Académie récompense un compositeur… pour uniquement son quatrième film de fiction.

À côté du cinéma, Ludovic Bource multiplie les compagnonnages musicaux (avec Alain Bashung, Svinkels, Pierrick Pédron) et, depuis 2012, prend part à plusieurs tournées de The Artist en ciné-concert. Après des collaborations avec Éric Judor (Problemos) ou Jalil Lespert (Le Dindon), il se retrouve impliqué dans la grande aventure de Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, film d’animation qui lui permet de renouer avec l’une des lectures de son adolescence, Le Petit Nicolas. Entre accès de spleen et explosions de swing et de jazz manouche, la luxuriante partition sert de passerelle entre trois mondes (les enfances de Sempé et Goscinny, leur travail de création, l’univers imaginaire de Nicolas) et vaut à Ludovic Bource le prix de la meilleure musique au Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule 2022. D’où, pour la première fois, sa présence cette année au Festival, comme invité de deux master-class (dont une scolaire) et, en passage de relais, comme remettant au lauréat 2023 de la meilleure musique.

L'Invité du festival

Compositeur

Filmographie

1999: Mes amis de Michel Hazanavicius
2006: OSS 117 : Le Caire, nid d'espions de Michel Hazanavicius
2009: OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius
2009: Nous resterons sur Terre d'Olivier Bourgeois et Pierre Barougier
2011: The Artist de Michel Hazanavicius
2012: De l'autre côté du périph de David Charhon
2016: Les naufragés de David Charhon
2017: Problemos d’Éric Judor
2019: Rebelles d'Allan Mauduit
2019: Le Dindon de Jalil Lespert
2022: Le Petit Nicolas : Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? de Benjamin Massoubre et Amandine Fredon

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